Seniors et fin d’activité professionnelle

Fin 2023, 58,4 % des 55-64 ans étaient en emploi en France. C’est 1,5 points de plus par rapport à l’année précédente et surtout, la progression est ininterrompue depuis 2009. L’augmentation du nombre de seniors concernés par l’emploi peut être en partie expliquée par le report de l’âge de départ à la retraite.
Le taux d’emploi des 55-64 ans néo-aquitains apparaissait légèrement inférieur à la moyenne nationale, s’établissant à 52 % en 2021. Par ailleurs, le taux de chômage des seniors en Nouvelle-Aquitaine atteignait 9,3 % cette même année, soit trois points de plus qu’à l’échelle nationale.
L’emploi et la fin de carrière des seniors revêt ainsi un véritable enjeu. Des actions destinées à ce public existent : elles sont détaillées dans ce dossier, ainsi qu’un ensemble de données relatives aux seniors.
La politique de l’État et mesures liées à la réforme des retraites
La politique nationale repose sur les trois piliers.
L’incitation à l’embauche dans le cadre des mesures de la politique de l’emploi
- Le Contrat Unique d’Insertion (CUI) : il peut être prolongé dans la limite d’une durée totale de 60 mois (au lieu de 24 mois) pour les personnes âgées de 50 ans et plus et bénéficiaires d’un minimum social.
- Le CDD Senior : il vise à faciliter le retour à l’emploi des salariés âgés de plus de 57 ans.
- Le Contrat de Valorisation de l’Expérience (CVE ou CDI Senior) : il est ouvert aux personnes âgées de 60 ans au minimum (57 ans dans certaines branches professionnelles) et inscrites à France Travail depuis au moins un an.
- Le contrat de professionnalisation : une exonération de cotisations patronales ainsi qu’une aide financière est accordée à l’employeur en cas d’embauche d’un demandeur d’emploi âgé de 45 ans et plus.
- Le CDI d’inclusion : il permet aux SIAE d’embaucher en contrat à durée indéterminé un public senior de plus de 57 ans.
Le maintien dans l’emploi et la transmission des compétences des salariés âgés
Les accords d’entreprise (obligatoires à partir de 300 salariés) sur la gestion des emplois et des parcours professionnels peuvent prendre en compte la situation des seniors et aborder les questions de l’emploi des salariés âgés, ainsi que la transmission des savoirs et des compétences. Les accords de branche sur la formation peuvent porter sur les conditions d’exercice du tutorat par les salariés de plus de 55 ans.
De plus, dans le cadre d’un plan de GPEC appuyé par l’État, l’aide à l’adaptation des salariés aux évolutions de l’emploi peut être majorée lorsque la formation est organisée au bénéfice des salariés âgés de 45 ans et plus.
À signaler aussi l’aide à la fonction tutorale des OPCO qui est majorée lorsque le tuteur est un salarié de 45 ans et plus.
La prise en compte de l’exposition aux facteurs de risques professionnels et l’amélioration des conditions de travail
Le projet de la réforme des retraites présenté le 10 janvier 2023 comprend des mesures qui vise l’emploi des seniors :
- Un index seniors : dans le secteur privé les entreprises devront publier un index seniors pour plus de transparence et pour replacer la gestion des âges au cœur du dialogue social. L’emploi des seniors deviendra un objet obligatoire de la négociation sur la gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP) dans l’entreprise en s’appuyant sur les indicateurs de l’index.
- La retraite progressive : le dispositif permet de liquider, avant l’âge légal, une partie de sa pension pour passer à temps partiel. Désormais assoupli et élargi, les agents de la fonction publique et l’ensemble des travailleurs indépendants peuvent également en bénéficier.
- L’acquisition de droits dans le cas d’une reprise d’activité : de cette façon, les retraités auront la possibilité d’augmenter leur pension.
- Les départs anticipés fixés : la durée d’anticipation ne pourra être inférieure à deux ans, soit 62 ans. Elle sera rendue possible au titre des carrières longues, de la retraite progressive et des départs pour raisons liées à l’état de santé, au handicap ou à l’incapacité permanente et du C2P.
- La redéfinition des règles d’indemnisation du chômage : elles seront établies en fonction des nouvelles conditions de départ en retraite et de l’objectif d’incitation à l’emploi des seniors. Les possibilités de cumul entre le salaire et l’allocation chômage en cas de reprise d’activité pourront par exemple être développées.
Les seniors au travail
Principales caractéristiques et statistiques des seniors actifs
Selon une étude de la Dares, 58,4 % des 55-64 ans étaient en emploi en 2023 en France, un niveau inférieur au taux d’emploi des 25-49 ans (82,6 %). Dans le détail, les 55-59 ans étaient 77 % en emploi contre seulement 38,9 % des 60-64 ans. Cependant, ces derniers ont vu leur taux d’emploi progresser de manière plus importante en 2023, notamment du fait de l’entrée en vigueur de la dernière réforme des retraites. Le chômage des seniors s’établissait à 5,4 % soit une valeur plus basse que celle de l’ensemble des actifs de 15 à 64 ans (7,4 %). De plus, il retrouve son plus bas niveau depuis 2009.
S’agissant des personnes dites « Ni En emploi, ni à la Retraite » (NER), l’Insee, dans son étude sur la situation des seniors sur le marché du travail, rapporte que 14 % des 55-69 ans se trouvent dans cette situation, dont 11 % sont inactifs sans percevoir de retraite. Les 55-61 ans sont toutefois les plus touchés par ce phénomène puisqu’ils sont un sur cinq NER. La principale raison de cette inactivité est la santé ou le handicap qui touche 10 % d’entre eux.
La performance des entreprises créées par les seniors
France Stratégie publie en novembre 2022 un document de travail sur la performance des entreprises créées par les seniors. Les seniors définis comme le groupe d’âge 50-64 ans créent chaque année un cinquième des nouvelles entreprises : c’est moins que leur poids dans la population active (28 %), mais autant que les juniors (18-30 ans).
L’étude essaie de repérer si les entreprises créées par les seniors connaissent une destinée particulière, signalant un talent ou une faiblesse spécifique à développer de nouvelles entreprises, par rapport au groupe d’âge médian, les 30-49 ans.
Seules 60 % des entreprises créées entre 2010 sont toujours en activité en 2015. Parmi elles, 40 % ont fait l’objet d’une cession-transmission. Un quart des entreprises qui n’ont pas survécu ont fait l’objet d’une liquidation judiciaire.
Les seniors créateurs d’entreprise se distinguent par :
- un niveau d’éducation légèrement plus polarisé : plus de sans diplôme et plus d’élèves de grandes écoles ;
- un niveau de qualification professionnelle plus élevé : cadres, indépendants, chefs d’entreprise ;
- un capital investi au démarrage de l’entreprise plus important.
La moitié d’entre eux ont connu une expérience précédente dans la création d’entreprise, contre un tiers seulement pour l’ensemble des créateurs. À l’inverse, leur recours aux prestations sociales et aux aides à la création d’entreprise est plus faible que la moyenne.
Cinq profils de créateurs d’entreprise âgés de 50 à 64 ans ressortent. On compte 12 % de demandeurs d’emploi âgés de 50 à 54 ans et 21 % de chômeurs de longue durée âgés de 55 à 59 ans. Les femmes retraitées rassemblent 19 % des créateurs. Ces trois catégories représentent 52 % des créateurs d’entreprise de plus de 50 ans.
Lire le document.
Le point de vue des seniors sur l’emploi
L’association Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC) publie les résultats d’une enquête menée début 2023 auprès de 760 personnes de plus de 50 ans au chômage. Si le taux d’emploi des seniors est en progression depuis 2000, il reste insuffisant : fin 2021, seulement 56 % des personnes de 55 à 64 ans étaient encore en emploi et, si on considère la tranche d’âge des 60 à 64 ans, ce taux tombe à 35,5 %.
Blocage du salaire, reprise d’une activité moins rémunérée, reconversion, mobilité sont autant de sujets sur lesquels les seniors sont prêts à faire des efforts d’adaptabilité pour conserver leur emploi ou en retrouver un.
Quand on les interroge sur leur fin de carrière idéale, les cadres souhaitent surtout devenir des experts reconnus, des mentors ou des formateurs pour assurer la relève, alors que les employés et ouvriers privilégient un aménagement du poste de travail ou une transition progressive vers la retraite.
Parmi les solutions proposées en faveur de l’allongement de la durée d’activité des seniors, la lutte contre les préjugés des employeurs arrive en premier, avant la mise en place d’aides au retour à l’emploi pour les personnes de plus de 50 ans.
On note que l’orientation vers des postes moins pénibles est une solution envisagée plus fortement par les personnes les moins qualifiées. Près de 58 % des personnes ayant répondu à l’enquête souhaitent un cumul emploi-retraite.
La SNC indique qu’il faudrait faire évoluer les pratiques de recrutement et de management. Il conviendrait, pour ce faire, de développer les compétences managériales, de donner des clés pour manager les diversités, afin d’être en mesure d’accompagner les évolutions de carrières. Le parcours doit être accompagné par le maintien d’un accès à la formation, l’anticipation de l’usure au travail et ou encore la préparation d’une réorientation vers un métier moins pénible.
Lire le rapport.
Podcasts Objectif Compétence : l’emploi des seniors
Dans un contexte mêlant rallongement de la vie professionnelle, pénuries de compétences, évolution du rapport au travail et pyramide des âges déséquilibrée, la thématique des seniors concerne tout à chacun. Il constitue en ce sens un enjeu social et économique de taille.
La fédération des Acteurs de la Compétence présente ainsi cinq podcasts consacrés à l’emploi des seniors :
- Épisode 1 : Senior au travail, qu’est-ce qui coince ?
- Épisode 2 : Senior, comment mettre en valeur ses compétences ?
- Épisode 3 : Comment transmettre ses compétences entre générations ?
- Épisode 4 : Être senior au travail, ça s’anticipe
- Épisode 5 : Et si on continuait de travailler après la retraite ?
Accompagnement des publics seniors : deux webinaires
Un webinaire, organisé par Cap Métiers et coanimé par les représentants de France Travail, du réseau Eva NA et de TransitionsPro NA, s’est tenu le 14 mars 2024.
Au programme : données chiffrées sur le public senior en Nouvelle-Aquitaine, rappel des dispositifs mobilisables, témoignages d’expériences de reconversion.
Le 13 décembre 2022, Cap Métiers et l’ARACT Nouvelle-Aquitaine ont organisé un webinaire destiné aux professionnels de la formation, de l’orientation, de l’accompagnement, du conseil, de l’insertion et de l’emploi accueillant des publics de plus de 50 ans.
