L’IAE, une mine de compétences

Paroles d’acteurs

PEPITES est un projet IFPAI (pour Ingénierie de Formation Professionnelle et d’offres d’Accompagnement Innovantes) porté par l’Etat et la Région à travers la banque des territoires, complété par un financement FSE. À la tête d’un consortium, INAE en assure la coordination, avec pour objectif global d’améliorer l’attractivité du secteur de l’IAE, de renforcer la montée en compétence et la professionnalisation des permanents des structures et des salariés en parcours. Au travers de trois axes, la plupart des actions ont été imaginées et sont portées conjointement par INAE et ses partenaires.

Le premier axe concerne l’attractivité des métiers de l’IAE, encore peu connus et insuffisamment valorisés que ce soient les métiers de direction, d’encadrement technique, d’accompagnement socio-professionnel, ou ceux de chargé de mise à disposition. Pour en faire la promotion, les actions ont pris la forme de vidéos de présentation, de partenariats et d’événements avec le monde des entreprises pour favoriser les passerelles et les recrutements.

« Depuis trois ans, nous menons également une action pour faciliter les mobilités professionnelles, en partenariat avec Avenir Actifs, le réseau qui met en place le Conseil en Evolution Professionnelle, » explique Oana Costachescu, coordinatrice de Pépites. « L’idée c’est de mieux faire connaître l’IAE aux conseillers en évolution professionnelle, afin qu’ils orientent les personnes en reconversion. En retour, nous présentons le CEP au sein de notre réseau, pour les salariés en fin de parcours. » Plus récemment un événement organisé à Dax a réuni une cinquantaine de personnes pour un « brunch inclusif », une rencontre entre entreprises et structures de l’IAE, occasion de mettre en avant des parcours réussis d’insertion autour de thématiques communes.

La spécificité de l’environnement IAE, qui varie selon la typologie des structures, c’est qu’il fonctionne différemment selon les publics, plus ou moins éloignés de l’emploi. Ainsi la fonction de direction, qui implique la capacité à gérer une structure quelle qu’elle soit, doit composer avec un cadre légal particulier, les aides au poste, le rapport aux financeurs publics, etc. De leur côté, les métiers d’Accompagnant Socio-Professionnel (ASP) et de Conseiller en Insertion Professionnelle (CIP) suivent une formation qui n’est pas spécifique au secteur, ils peuvent être exercés dans différents types de structures. En poste, la pratique doit donc s’adapter aux particularités et attendus du secteur.

Des métiers en tension

Les ASP / CIP sont des postes plus connus et beaucoup plus accessibles puisque la formation est plus répandue. En revanche, les métiers d’encadrement technique, assez polyvalents, demandent à la fois une certaine technicité, une certaine aisance en matière de gestion de la production et une fibre particulière dans l’accompagnement et l’insertion de publics éloignés de l’emploi. Ce sont les métiers les plus en tension aujourd’hui. « Ils ont une forte valeur ajoutée en termes de sens, mais souffrent d’un déficit d’attractivité. L’autre obstacle, c’est la difficulté que peuvent rencontrer les structures à accompagner la montée en compétence des encadrants pour les professionnaliser et les fidéliser. Favoriser l’accès aux titres et à la certification, c’est aussi un des enjeux forts du projet PEPITES. »

L’axe deux concerne justement la montée en compétence des permanents. Il inclut les open badges (voir notre article du 16 janvier 2025) qui ont vocation à valoriser et professionnaliser les salariés permanents, autant que les salariés en parcours. Afin de se retrouver dans l’univers des certifications existantes pour devenir encadrant technique, une cartographie a été élaborée, montrant les voies de formation et les trajectoires possibles pour les personnes en reconversion, les salariés en parcours qui veulent progresser dans leur structure. Cette cartographie sera consultable en ligne sur le site INAE fin 2025.

Le développement des compétences des encadrants se heurte souvent au manque de temps disponible dans les entreprises d’insertion, tandis que les formations classiques en centre ne répondent plus aux attentes ni aux contraintes. Pour y remédier, plusieurs dispositifs ont été repensés dans le cadre de PEPITES.

Le titre d’Encadrant Technique d’Insertion (ETI), initialement proposé en alternance mixte par l’AFPA, est désormais disponible en 100 % à distance, plus modulable et adapté aux réalités du terrain. Le titre ETAIE de la FAS a lui aussi évolué, avec l’appui de l’ARACT, pour intégrer davantage de pratiques d’AFEST, centrées sur le partage d’expériences et les mises en situation.

De nouvelles formations ont également vu le jour pour répondre à des besoins spécifiques : le poste de Chargé de mise à disposition en AI (avec CORACE), ou encore d’Assistant technique d’insertion, via une formation courte intégrée au catalogue INAE. Enfin, une formation dédiée aux encadrants en maraîchage, initiée en partenariat avec le Département de la Charente, connaît aujourd’hui un essaimage sur d’autres territoires.

« La donne a beaucoup changé depuis le début du projet puisque le secteur a connu des restrictions et des baisses de financement. Mais les besoins demeurent. Les structures aujourd’hui ont plus de difficultés à recruter et à assurer les montées en compétence, alors qu’elles continuent à faire face à de fortes pressions économiques, et doivent accompagner des salariés de plus en plus précaires qui présentent de nouvelles problématiques. Plus que jamais, il y a besoin de soutenir la professionnalisation des permanents de l’accompagnement et de l’encadrement et c’est ce que nous cherchons à faire avec le projet PEPITES.

Ainsi, une des dernières actions consiste à construire des parcours de montée en compétences innovants et modulaires au plus près des besoins du terrain et pouvant être acquis tout au long du parcours professionnel. ​ « On sait aujourd’hui que les permanents se forment aussi par de l’échange entre pairs, des webconférences, des événements, donc nous allons faire de la reconnaissance des différentes typologies de montée en compétences. Nous voulons déployer des parcours modulaires et leur validation par open badges. »

Objectif montée en compétences

Enfin, l’ambition de l’axe trois est de travailler sur la montée en compétences et la valorisation des salariés en parcours. Les open badges interviennent là aussi, en tant qu’outil de reconnaissance et de lien vers l’entreprise. Dans les dernières actions du projet Pépites, on trouve le développement d’une formation sur le numérique adressée aux permanents dans le but de mieux accompagner et transmettre ces usages et cette acculturation aux salariés en parcours. A partir de début 2026, elle se déroulera en présentiel ainsi que par le biais de capsules e-learning, des temps courts de remise à niveau. Un centre de ressources au service des structures sera aussi mis en place sur le site d’INAE (ressources en ligne, formations, ateliers collectifs, etc.).

Nous avons également développé des actions sur des métiers et des usages innovants. « La SIAE Essaimons a été assez précurseur dans l’usage des open badges puisqu’elle a été une des premières structures d’insertion à se les approprier comme un outil interne de suivi des salariés en parcours après avoir développé une formation courte et pratique sur le délissage de déchets textiles. Pour souligner cela, nous allons créer un événement à la rentrée autour de cette question : comment les open badges peuvent être mis au service d’une filière (la filière textile) pour développer une compétence spécifique dans une dimension de chaîne de valeur ? »

Avec la Coopérative Tiers-Lieux, INAE a développé des TSF (transferts de savoir-faire), qui consistent en un jumelage entre une SIAE et un tiers-lieu ou un fablab. Pendant quatre journées, les salariés et les permanents testent de nouvelles approches, des machines, développent des nouvelles compétences, des nouveaux usages sur le réemploi, la réparabilité des objets, etc. Enfin, un dernier partenariat avec « Bâti » une structure d’insertion située à Pessac, permet de former en interne sur la maintenance de petit matériel d’entretien d’espaces verts plutôt que d’aller externaliser cette fonction.

PEPITES se termine fin juin 2026. L’enjeu des prochains mois est de transformer ces expérimentations en acquis durables, via la capitalisation, la diffusion élargie et la reconnaissance institutionnelle le plus large possible. Un évènement final visant à mettre à l’honneur les partenaires et SIAE du projet sera organisé au printemps 2026.