La mobilité pour plus de proximité

Actus de la semaine Paroles d’acteurs

Paré de ses couleurs bleue et blanche, il arbore un grand logo « Smile ». Smile, c’est un fourgon, le nouveau Service Mobile d’Informations Locales pour l’Emploi de la communauté d’agglomération de La Rochelle, financé par la CDA, France Travail et la mission locale La Rochelle Ré Pays d’Aunis. Sous cette identité, des structures, qui mettent leurs outils et énergies en commun. Avant lui, la CDA de La Rochelle disposait de quatre points emploi de quartier, qui ont cessé leur activité il y a deux ans, après quoi une réflexion a été menée pour mettre en place un nouveau système plus mobile, pouvant s’adresser à un nombre croissant d’habitants de la CDA dont le territoire s’est étendu ces dernières années. Le nouveau service a débuté ses activités en janvier 2025, et ses permanences en février, dans un premier temps sans véhicule dédié.

L’équipe est constituée de deux conseillers expérimentés, respectivement détachés à mi-temps par la Mission Locale La Rochelle Ré Pays d’Aunis et France Travail. « On se place dans la dynamique de l’aller vers, explique Michel Schreiner, conseiller France Travail. On sort de nos structures pour aller au-devant des populations des habitants des communes de l’agglo, pour leur apporter une réponse de premier niveau. À La Rochelle même, nous faisons une focale sur les QPV et les publics les plus en difficulté. Le calendrier des interventions est co construit avec les communes, qui s’inscrivent sur nos permanences. »

Le camion Smile est surtout un moyen de transport pour l’équipe et un vecteur de communication. Mais il n’a pas été aménagé pour recevoir des personnes en entretien. Sa première mission est de s‘approcher autant que possible des publics les plus fragiles, qui ne se rendent plus dans le réseau pour l’emploi, soit qu’ils ont perdu confiance, soit qu’ils n’osent plus franchir les portes des agences France Travail ou de la mission locale. Le service couvre les 28 communes de la communauté d’agglomération, afin de rendre une équité de services partout. L’ensemble du territoire a été découpé en quatre grandes zones, chacune d’entre elles accueille quatre à huit demi-journées de permanence par mois.

Pour Philippe Rouger, conseiller de la mission locale, il s’agit de remettre de l’humain dans la relation entre les institutions et les habitants. « On est sur un premier niveau d’information, mais on a dans nos bagages toute la panoplie des outils des partenaires du réseau pour l’emploi. Quand on va dans une commune, on arrive avec des solutions formation, des accompagnements plus poussés avec le PLIE, toutes les techniques de recherche d’emploi, etc. On réoriente vers les bons partenaires, on essaie de faire gagner du temps, de l’énergie, de remettre de la confiance, du lien. Et on réajuste. Mais on ne remplace pas les accompagnements qui sont fait dans nos agences, le PLIE ou la mission locale. On accorde le temps nécessaire aux gens pour échanger sur l’ensemble de leur situation. Même si on ne prétend pas apporter des solutions miracles. En fait, on joue le rôle de facilitateur, »

Le service Smile a trois modalités de fonctionnement, qui permettent de toucher tous les publics. « Un jour, une commune », qui consiste à tenir une quinzaine de permanence par mois. Ensuite, une modalité plutôt réservée aux « étapes pro » dédiées aux secteurs d’activité, avec des jobs datings, des visites d’entreprises, des interventions auprès des clubs d’entreprises et des services RH pour présenter l’offre de services. Le troisième type d’interventions, c’est la participation à des évènements, comme le Grand Pavois ou la semaine du nautisme, afin de faire connaître Smile et de répondre aux questions des visiteurs.

L’idée n’est pas de de complexifier l’accès au service public pour les demandeurs d’emploi et les habitants. Il s’agit au contraire de jouer un rôle de facilitateur, de rassembler les outils, les expériences et compétences de tous les acteurs, pour apporter des réponses pertinentes. Tous les intervenants de terrain qui ont un contact direct avec les populations, comme les CCAS, les associations, les éducateurs et les médiateurs, l’office HLM, sont des partenaires qui peuvent relayer les informations et rediriger des gens vers notre service. Au fil du temps, les partenariats se sont renforcés pour aboutir à un travail en synergie vers des objectifs convergents.

« Avec ces trois modalités, nous avons repéré des gens qui était invisibles, qui n’étaient pas inscrits à France travail, qui passaient sous les radars et qu’on a ramené sur un parcours vers l’emploi. On essaie de recréer un lien social, une confiance dans les institutions. On a beaucoup d’attentes orientées essentiellement sur la recherche d’emploi et les possibilités immédiates, mais aussi pas mal de demandes de salariés en reconversion qui ne connaissent pas les procédures, qui ont besoin d’avoir quelques éléments de réponse sur tout le parcours CEP. Notre message c’est, on vient, on vous écoute, racontez-nous votre parcours et on voit ensemble comment on peut avancer. »

Le cadre d’intervention de Smile, c’est l’information de premier niveau. Mais aussi d’orienter les personnes vers le bon interlocuteur. Sans une bonne connaissance des dispositifs des partenaires et de l’offre de services globale, la réponse risque d’être partielle. L’enjeu est de pouvoir traiter les cas les plus simples, ainsi que des situations plus complexes. « On ne vas pas jusqu’au domicile, on fait venir les gens sur nos permanences, c’est pour ça que le véhicule n’est pas aménagé pour recevoir. Et puis la démarche est territoriale, c’est-à-dire que nous voulons que les communes et les structures jouent le jeu, en mettant des locaux à notre disposition, dans une mairie, une association, ou encore sur les marchés.

Le dispositif Smile n’en est qu’à ses débuts, 2025 est une année d’expérimentation, de mise en place, qui permet de tester des modalités, des modes de fonctionnement, des lieux d’intervention. Certaines approches fonctionnent bien dans une commune et doivent s’adapter dans les autres. Certaines se définissent elles-mêmes comme des « communes dortoirs », qui pensent ne pas avoir de besoins particuliers. D’autres au contraire constatent des évolutions de leurs populations et considèrent que si un nouveau service intervient sur leur territoire, c’est bon pour les habitants et pour la dynamique locale.

« Pour que ça fonctionne, on demande qu’il y ait une interaction. Smile n’est pas un service qui se pose quelque part, avec un camion aménagé, qui reçoit et qui est complètement autonome. Nous préférons que les communes s’approprient le service par une action volontaire, en s’inscrivant sur un calendrier de programmation. Nos besoins sont raisonnables, une prise de courant, deux tables et quatre chaises. Au besoin nous pouvons déployer notre tivoli en extérieur. On dispose de tablettes, d’ordinateurs, on peut même organiser des ateliers.  

« Mais tout cela nécessite une participation active des communes. Toutes celles qui ont joué le jeu jusqu’à présent ont été soit surprises positivement par l’intérêt rencontré, soit enthousiastes et convaincues dès le départ. Nous pensons qu’elles sont conscientes de l’importance de redonner de la confiance, de retisser du lien social entre nos institutions et ceux qui en sont le plus éloignés. »

Crédit photo : Pierre Meunié – Agglo La Rochelle