
Le Haut-Commissariat à la stratégie et au plan a analysé le sentiment de déclassement ressenti par de nombreux jeunes.
« C’était mieux avant » estiment 67 % des Français de moins de 35 ans. Les jeunes étaient-ils mieux lotis avant ? Comment comprendre ce sentiment d’insécurité qui semble les envahir, notamment en matière d’emploi ? Le Haut-Commissariat à la stratégie et au plan s’efforce, dans une note, d’apporter des réponses, tout en nuances, non pas pour trancher le débat, mais pour l’objectiver. De multiples paramètres sont en effet à prendre en considération, d’abord pour cerner le domaine, puis pour identifier les points de comparaison (période, tranches d’âges, etc.), ce à quoi s’attelle l’institution.
Concernant la situation professionnelle des jeunes en particulier, elle souligne plusieurs éléments relevant à la fois de la conjoncture et de décalages.
Le Haut-Commissariat relève d’abord un premier paradoxe apparu au cours de ces 50 dernières années : malgré l’allongement des études et l’apparition de profils plus diplômés, l’entrée dans la vie active ne cesse d’être repoussée. En effet, un jeune sur deux entre 25 et 34 ans était, en 2023, titulaire d’un diplôme de l’enseignement supérieur, alors qu’ils n’étaient que 21 % en 1974 dans la tranche d’âge des 20-24 ans.
Pourtant, en parallèle, la certitude de trouver un emploi stable a faibli laissant place à une précarité née d’une succession de contrats courts et longs préalablement à l’obtention d’un contrat stable. Ainsi, parmi les 35 % de jeunes de moins de 25 ans en emploi, seuls 43 % avaient un CDI ou étaient fonctionnaires. L’étude pointe également l’apprentissage : ce type de contrat repousserait d’autant l’accès à la stabilité des jeunes – ils étaient 29 % en 2023.
En outre, si le niveau de diplôme a augmenté, la structure des emplois n’a pas suivi la même tendance, puisque les jeunes restent plus nombreux dans la catégorie des employés et des ouvriers (32 % en 2023, soit huit points de moins qu’en 1975).
Quant aux revenus, les jeunes ont connu des salaires nets plus élevés que ceux des années 1975-80, mais leur progression n’a pas été aussi rapide que pour leurs aînés, si bien que l’étude conclut sur ce point à une « dégradation relative de la situation des jeunes actifs ».
